Jeanne d’Arc et la guerre de Cent Ans
29 Avr 2013 | Publié par dans Le Moyen Âge
Jeanne d'Arc à Orléans
La Guerre de Cent Ans (de 1337 à 1453) :
Avant d’être une guerre entre nations, la Guerre de Cent Ans (plus précisément 116 ans) est un conflit qui oppose deux dynasties. D’un côté celle des Capétiens souverains en France, de l’autre les Plantagenêts qui règnent en Angleterre mais qui possèdent l’Aquitaine. Une possession qui fait des rois d’Angleterre des vassaux de ceux de France. A l’origine des nombreuses hostilités entrecoupées de trêves et qui se déroulent sur le sol français, deux raisons essentielles:
Naissance d’une dynastie anglo-normande:
Le 5 janvier 1066 le roi d’Angleterre Edouard dit le Confesseur pour sa grande piété meurt. Harold Godwinson s’empare de la couronne. Guillaume II, dit Guillaume le Conquérant pour ses conquêtes, qui considère que la succession lui revient convoque les grands barons de Normandie. Il obtient leur soutien pour conquérir le royaume d’Angleterre par la force. La même année il s’en empare et devient le roi Guillaume 1er d’Angleterre. Une dynastie anglo-normande est née. Mais son titre de duc de Normandie fait qu’il reste vassal du roi de France. Un statut de roi vassal d’un autre roi qui pose problème. Les Plantagenêts étendent leur puissance et leur influence avec l’arrivée d’Henri II sur le trône d’Angleterre. Déjà duc de Normandie, Comte d’Anjou, du Maine et de Touraine, Aliéanor d’Aquitaine qu’il épouse lui apporte l’Aquitaine. Une menace pour le règne des Capétiens sur le royaume de France, à laquelle Louis VIII puis Philippe II Auguste entreprennent de mettre fin, ne leur laissant qu'une partie de l'Aquitaine, dont la Guyenne.
Une guerre de succession aussi
Philippe le Bel décède le 29 novembre 1314. Ses trois enfants Louis X (meurt sans héritiers mâles), Philippe V et Charles IV lui succèdent successivement. La dynastie des Capétiens directs s’achève avec la mort de ce dernier en 1328. Cette situation va ouvrir la voie à des querelles. Il a bien une sœur du nom d’Isabelle de France, mais elle ne peut hériter du trône. Un code de loi (la loi salique établie dès le début du règne capétien avec Clovis) exclut de toute succession au trône de France les princesses et leurs héritiers. Isabelle qu’on surnomme la Louve de France avait épousé en 1308 le roi d’Angleterre Edouard II, décédé une année avant Charles IV (septembre 1327). Son fils Edouard III lui succède. Deux hommes sont prétendants au trône d France : Philippe de Valois neveu de Philippe le Bel côté lignée masculine, et Edouard III par la lignée féminine (sa mère Isabelle de France).
Le choix de la noblesse française va vers Philippe VI de Valois cousin germain du défunt roi, pour les motifs qu’il est du pays et plus mûr. Et puis peut-on placer sur le trône de France un noble anglais, fusse t-il un héritier de Guillaume le Conquérant duc de Normandie puis roi d’Angleterre ? Edouard III qui venait juste de monter sur le trône d’Angleterre, et dont le pouvoir n’est pas encore stable ne proteste pas même s’il plus proche du roi en tant que neveu. Du moins pour l’instant, surtout qu’il a toujours ses possessions en Guyenne (Aquitaine) qui font de lui vassal du souverain français. Celui-ci lui rappelle d’ailleurs qu’il lui doit hommage. Une situation offensante qui fait rechigner de l’autre côté de la Manche. Philippe VI décide finalement de déchoir son rival d’Angleterre qui ne veut plus du duché Guyenne, c'est-à-dire la dernière possession des Plantagenêts en France. Edouard est fou de rage, de Wetminster (7 octobre 1337) il s‘autoproclame roi de France et défie publiquement le souverain français. C’est le premier prétexte de ce qui va être la guerre de cents ans. Cinq souverains de chaque côté de la manche et trois générations vont se trouver plus d’un siècle durant plongés dans des troubles et des combats.
Faits marquants de la guerre de Cent Ans
Edouard III envahie la Thiérache :
Déchu du duché de Guyenne par Philippe VI pour avoir cessé de le reconnaître comme suzerain, Edouard III attaque en 1339 l’Ecluse (port flamand aujourd’hui Sluis) dans l’ancienne Thiérache. Il écrase la flotte française, et envahie toute la région ravageant tout sur son passage. Une trêve est signée une année plus tard pour une durée de cinq ans. Mais en 1341 Français et Anglais sont de nouveau en conflit, mais indirectement. Après la mort du duc Jean III, deux hommes se disputent le duché de Bretagne. Le premier est soutenu par le roi de France : Charles de Blois le revendique car sa femme n’est autre que Jeanne de Penthièvre (nièce de Jean III). Le second est soutenu par Edouard III : Jean de Montmort (mari de Jeanne de Flandres), veut la succession en tant que frère de Jean III. Le clan Jean de Montmort-Jeanne de Flandres et les Anglais sont vainqueurs.
La bataille de Crécy (26 août 1346)
Après une trêve de quelques années, Edouard III déclenche de nouveau les hostilités en 1346. Son fils Édouard d'Angleterre, prince de Galles, dit le Prince Noir (pour la tenue qu’il arbore) participe alors qu’il n’a que 16 ans. Il débarque cette fois dans le Cotentin et envahie la Normandie. Il marche même sur Paris, mais devant l’impressionnante armée de Philippe VI il fait un repli plutôt tactique. C’est à Crécy dans la Somme qu’il décide de monter son campement, et d’attendre les Français. Sachant que ceux-ci vont être épuisé par la marche, lui Il profite pour faire reposer ses troupes et s’approvisionner en vivres. Le 26 août le roi de France et ses hommes sont en vue. Parlant des volées de flèches anglaise qui s’abattent sur les Français, Jean Froissart chroniqueur médiéval disait « Ce semblait neige ». Mieux organisée et disciplinée, l’armée d’Edouard III remporte la bataille de Crécy. Après cette victoire, il s’en va faire le siège à Calais pour créer une tête de pont.
La grande peste
Alors que la France souffre des combats, des pillages et de la famine plus que l’Angleterre du fait que cette guerre se déroule sur son sol, un autre fléau vient semer la mort. La peste envahie l’Italie et le Sud de la France ramenée d’Orient par les bateaux marchands génois. Très vite elle se propage vers le nord et touche toute la France, l’Allemagne, l’Angleterre etc. Accusés de propager la maladie en contaminant l’eau, les Juifs et les lépreux sont massacrés. Des pénitents mettent ce fléau sur le compte de la colère de Dieu, et invitent la population à expier ses fautes. En 1350 en pleine épidémie Philippe VI décède. Son fils Jean le Bon lui succède donc en pleine tourmente, et doit faire face à cette situation ravageuse et continuer la lutte contre le roi d’Angleterre alors que les moyens manquent. De 1348 à 1353 ce qui est alors qualifié de peste noire, tue 25 millions de personnes soit le tiers de la population européenne. Seules les régions montagneuses, et à un degré moindre les campagnes, sont épargnées. Jean le Bon hérite donc d’une situation catastrophique, aggravée par la menace du Prince Noir sur le royaume de France. Il convoque les états généraux en 1356, durant lesquels il est décidé de réunir les fonds et de lever une armée.
La bataille de Poitiers (19 septembre 1356)
Jean II le Bon monte son armée pour se lancer à la poursuite du Prince Noir, et le stopper dans sa chevauchée dévastatrice à travers la France. Les butins de celui-ci sont considérables. En 1356 le Plantagenêt se lance dans une expédition de pillage des Pays de Loire. Le roi de France a trop laissé faire, il marche enfin vers le sud à la poursuite d’Edouard d’Angleterre. Avec deux fois plus d’hommes il est sur, trop sur même, de lui. Ce qui va lui être fatal car il ne prévoit rien, ne fait pas de calculs, fonce sans aucune véritable stratégie. Le Prince Noir plus prudent l’attend tranquillement au sud de Poitiers, où il met en place la même stratégie qu’à Crécy. Les deux armées se retrouvent de nouveau face à face le 19 septembre 1356. La bravoure du roi de France, roi le plus puissant de la Chrétienté, n’est pas suffisante d’autant plus que des nobles fuient le champ de bataille dès les premières charges. La bataille tourne vite en faveur d’Edouard, dont les archers écrasent l’armée française. Encerclés Jean II le Bon, son fils Philippe le Hardi et quelques fidèles sont obligés de se rendre. Une défaite bien plus humiliante que celle de Crécy. Ils sont conduits à Bordeaux, avant d’être emprisonnés dans la Tour de Londres. La France est alors plongée dans le chaos, et le royaume capétien va vivre une grave crise tout le temps que durera la captivité du roi. Celui-ci finit par proposer au roi d’Angleterre, en échange de sa libération, 4 millions d’écus d’or et la restitution de toutes les possessions des Plantagenêts (duché d’Aquitaine). Lors du traité Brétigny-Calais en 1360 Edouard III obtient même plus : le Périgord, le Quercy, la Bigorre, le Limousin, le Rouergue, le Poitou, la Saintonge, l’Angoumois et le comté d’Armagnac. En contrepartie il renonce à revendiquer la couronne de France. Le souverain français paye une partie de la rançon, mais des otages dont son fils Louis d’Anjou sont retenus jusqu’à payement de la totalité. Pour célébrer sa libération Jean le Bon crée le franc, une pièce représentant le roi à cheval, alors qu’Edouard est nommé prince d’Aquitaine par son père.
Ne pouvant payer le reste des écus d’or, Jean le Bon se rend à Londres fin décembre 1363 et se constitue prisonnier. Il espère renégocier le traité de Brétigny mais il tombe malade quelques jours après son arrivée. Il meurt le 8 avril 1364 en captivité à l’hôtel de Savoie. Rapatrié, son corps est inhumé dans la basilique Saint-Denis.
La bataille d’Azincourt (25 octobre 1415)
L’assassinat de Louis d’Orléans en 1407 sur ordre de Jean sans Peur, crée un conflit entre Armagnacs et Bourguignons et déchire la France. La folie du roi Charles VI fragilise encore plus le royaume. Une situation dont profite le roi d’Angleterre Henri V (fils d’Henri IV) considéré comme un usurpateur, car il a assassiné Richard II (héritiers des Plantagenêts) pour s’emparer du trône. Non seulement il remet en cause la trêve conclue en 1396 entre son prédécesseur Richard II et Charles VI, mais il revendique carrément le trône de France. Il demande la main de sa fille Catherine, qui lui est refusé. Henri V s’est trouvé des prétextes d’aller en guerre. A la tête d’une armée d’environ 11 000 hommes, il débarque en Normandie le 13 août 1415, fort du soutien du duc de Bourgogne qui a des comptes à régler avec Louis duc d’Orléans (Armagnac). Les combats et surtout les maladies lui font perdre une partie de son effectif après la prise de Harfleur en septembre. Il décide de se retrancher à Calais chargé de butins, pour reprendre des forces et attendre le printemps pour continuer sa conquête. Il est rattrapé près d’Azincourt (ex Agincourt) par les troupes françaises fortes de quelques 30 000 hommes, qui cherchent à lui barrer la route de Calais. Après une nuit très pluvieuse, persuadés que la victoire est pour eux en raison de leur écrasante supériorité numérique, les chevaliers foncent sur les lignes anglaises pour contrer les redoutables archers gallois. Les chevaux s’embourbent dans des terrains fraîchement retournés. Ils continuent à pied sans aucune organisation, engagent un combat au corps à corps. Une fois de plus l’organisation anglaise, et la force de frappe des archers triomphent. La bataille s’achève alors que la chevalerie française est décimée, Henri V s’empare de la Normandie.
La bataille d’Azincourt est considérée comme l’une des plus meurtrières du Moyen-âge. On dénombre 10 000 morts côté français dont de nombreux barons, la moitié côté anglais. Charles d’Orléans neveu du roi de France est fait prisonnier et restera 25 ans en Angleterre. Après le massacre commis à Harfleur, Henri V de Lancastre ordonne même de tuer les prisonniers (utilisés habituellement pour demander des rançons), et d’achever les centaines de blessés restés sur le champ de bataille. Ce qui fait de lui un véritable criminel de guerre du Moyen-âge.
Le siège d’Orléans
Pour venger l’assassinat de Louis 1er d’Orléans (duc d’Orléans) survenu le 23 novembre 1407 à Paris, deux proches conseillers de Charles l'héritier du trône de France assassinent à Montereau le 10 septembre 1419 Jean sans Peur (duc de Bourgogne, comte de Flandre, d’Artois…). Celui-ci avait éliminé son rival d’Orléans car devenu amant de la reine Isabeau de Bavière, il avait ses faveurs et donc de plus en plus de pouvoir. Charles VI le Fou et sa femme déshéritent leur fils Charles commanditaire du crime. Celui-ci serait fils illégitime du duc d’Orléans et d’Isabeau. Affaiblie par la défaite d’Azincourt, la France n’avait pas besoin d’une nouvelle querelle entre Bourguignons et Armagnacs, qui se disputaient déjà le pouvoir au sein de la régence présidée par la reine depuis que le roi est mentalement atteint. Autres conséquences, Philippe III le Bon (successeur de Jean sans Peur) fait alliance avec les Anglais alors qu' Henri V d’Angleterre (un Plantagenêt) est reconnu au traité de Troyes le 21 mai 1420 comme héritier de la couronne de France. La France n’existe plus. Le 21 octobre 1422 Charles VI décède, son fils Henri VI jeune lui succède. Mais son frère Charles VII (dit « le Victorieux ») déshérité par ses parents se proclame roi de France de Bourges. Le roi d’Angleterre de son côté veut la couronne, conformément au traité de Troyes. Il débarque en Normandie et l’occupe. Profitant de la faiblesse du nouveau roi de France, démuni et sans soutiens, il marche sur Orléans. C’est une importante cité notamment sur le plan stratégique, bien défendue car entourée de remparts elle ne tient qu’un pont sur la Loire. Il en fait le siège avec ses alliés Bourguignons le 12 octobre 1428, sachant que sa chute lui faciliterait la conquête de tout le pays. Jean (dit Dunois) demi-frère du duc Charles d’Orléans, prisonnier en Angleterre depuis Azincourt, défend la ville du mieux qu’il peut et avec courage. Orléans est tout près de la reddition, le roi sur le point de renoncer quand un « miracle » se produit. Une femme du nom de Jeanne arrive dans la ville, elle prétend avoir une mission divine. Elle aurait entendu les voix de l’archange Saint Michel, de Sainte Catherine et de sainte Marguerite lui demandant de chasser les Anglais et de mener Charles VII sur le trône de France.
Jeanne d’Arc délivre Orléans
Jeanne est une jeune fille de Lorraine, qui se dit envoyée de Dieu pour sauver la France. A 17 ans alors qu’Orléans est sous le siège, elle s’en va à Chinon rencontrer Charles VII le 25 février 1429. Celui-ci qui finit par croire en sa mission divine la confie à Jean d’Aulan, un bon écuyer, pour faire son éducation militaire. Elle prend ensuite la tête d’une armée de 4 000 hommes et fonce sur Orléans. Chemin faisant des centaines d’hommes armées se joignent à elle. Elle réussit le 29 avril à s’infiltrer dans Orléans qui n’est ceinturé que par une douzaine de bastilles anglaises car il aurait fallu beaucoup plus d’hommes pour fermer les trois kilomètres de remparts. Elle prend vite la situation en main. Elle défile en compagnie de Jean Dunois (dit le Bâtard d’Orléans) qui défend la cité depuis des mois. La population assiégée reprend confiance. Avant d’engager une quelconque action contre les Anglais, elle tente une solution pacifique en leur envoyant le message « vous, hommes d’Angleterre, qui n’avez aucun droit en ce royaume, le roi des Cieux vous mande et ordonne, par moi, Jeanne la Pucelle, que vous quittiez vos bastilles et retourniez en votre pays… » dont il se moque.
Jeanne commence à attaquer les bastilles l’une après l’autre dès le lendemain, obligeant les Anglais à s’y réfugier Ne pouvant plus communiquer entre eux, ils paniquent et beaucoup se jettent dans la Loire. Le dernier assaut, durant lequel la Pucelle est blessée par une flèche à l’épaule, est donné le 7 mai au petit matin. Le soir l’assaut contre la bastille entraîne la mort du capitaine Glasdale qui se noie dans la Loire. Le capitaine John Talbot, commandant de l’armée anglaise, décide le lendemain 8 mai de lever le siège et se retire. Le 13 mai suivant, Jeanne d’Arc accueille Charles VII.
Sacre de Charles VII et atroce fin de Jeanne d’Arc
L’avènement de Jeanne a surtout le mérite de redonner confiance aux Français et à leur armée, complètement désorientés et perdus depuis l’occupation anglaise. Orléans délivré et forts de cette exploit, certains préconisent de continuer sur la lancée pour chasser les Anglais de France. Ce n’est pas l’avis de Jeanne d’Arc qui pense qu’il est plus urgent de donner un roi légitime à la France, qui conduira la suite des opérations. Charles VII prend la route de Reims avec le jeune fille à la tête d’une armée pour organiser le sacre du roi. Ils atteignent la ville le 16 juillet 1429, après une chevauchée périlleuse en terre sous contrôle Anglo-bourguignons. La cérémonie se déroule le lendemain dans la cathédrale de Reims, où sont sacrés tous les rois de France. Le rituel est vieux de quatre siècles. La main sur l’Evangile le roi prononce le serment selon lequel il respectera la justice et la loi, défendra l’Eglise et son Peuple, en particulier les veuves et les orphelins, de tous les ennemis, de l’intérieur comme de l’extérieur. Sept ans après la mort de son père, l’héritier des Valois Charles VII devient le seul roi légitime des Français, au grand regret de l’héritier des Plantagenêts Henri V. A l’issue du sacre Jeanne se jette en larme à ses pieds : « O gentil roi, maintenant est fait le plaisir de Dieu, qui voulait que je fisse lever le siège d'Orléans et que je vous amenasse en votre cité de Reims recevoir votre saint sacre, montrant que vous êtes vrai roi, et qu'à vous doit appartenir le royaume de France».
Jeanne d’Arc décide alors de marcher sur Paris tenue par les Bourguignons, pour continuer sa mission. Elle est capturée le 23 mai 1430, sous les remparts de Compiègne, par le bourguignon Jean de Luxembourg. Elle restera emprisonnée six mois durant, avant qu'il ne la cède aux Anglais pour 10 000 livres. Son procès pour hérésie s’ouvre début février de l’année suivante, et va durer jusqu’à la fin mars. Le roi ne fait aucun geste pour elle. Pierre Cauchon (évêque de Beauvais) instruit, avec l’aide d’un tribunal formé de clercs fidèles aux Anglo-Bourguignons, un procès joué d’avance. Elle refuse devant ses juges qui la pressent, de renier les voix qu’elle affirme avoir entendues. Elle lance à leur face « Je sais bien que ces Anglais me feront mourir, parce qu’ils croient après ma mort gagner le royaume de France. Mais seraient-ils cent mille Godons de plus qu’ils ne sont à présent, ils n’auront pas le royaume ». Condamnée au bûcher, elle est brûlée vive à Rouen (Haute-Normandie) sur la place du Vieux-Marché le 30 mai 1431. Elle paye de sa vie l’humiliation qu’elle a infligée aux Anglais, pour qui la pucelle est envoyée par le diable. Elle n’a pas encore vingt ans.
PS : En 1909 Jeanne d’Arc est béatifiée, avant d’être canonisée comme Sainte le 16 mai 1920 sous le pontificat de Benoit XV.
Reconquête de la France, et fin de la guerre.
Fort de sa légitimité, Charles VII entreprend la conquête du royaume, mais non sans avoir au préalable mis fin au conflit entre Bourguignons et Armagnacs pour unifier les rangs. Le duc de Bourgogne Philippe le Bon signe le 21 septembre 1435 le traité d’Arras que lui soumet le nouveau souverain. Il met un terme à son alliance avec Henri V d’Angleterre et à la guerre civile, en échange de nouvelles terres. L’année d’après Paris se démarque des Anglais, alors que la Normandie qui a le plus souffert de cette guerre de cent ans se soulève en 1449. En avril 1450 la bataille de Formigny permet de récupérer la basse vallée de la Seine. Il ne reste aux Anglais que leur ancienne possession la Guyenne (Aquitaine), acquise avec le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II d’Angleterre.
Favorable aux Anglais, les Gascons demandent l’aide du roi Henri VI pour empêcher l’armée royale de Charles VI de prendre Bordeaux. Le capitaine John Talbot arrive dans la ville le 20 octobre 1452 à la tête 3 000 hommes. Il est suivi peu de temps après par 2 000 autres menés par son propre fils. Ils se retrouvent à Castillon le 17 juillet 1453 face à une armée franco-bretonne forte d’environ 10 000 hommes, équipée en plus d’une puissante artillerie. La bataille qui s’en suit, celle de Castillon est meurtrière. Elle se solde par une nouvelle victoire des Français le 20 du même mois. Trois mois plus tard Bordeaux se rend, et les Anglais quittent les lieux après avoir perdu Talbot et des milliers d’hommes. Cette même année de 1453 à l’Est de l’Europe, Constantinople (précédemment Byzance capitale de l’Empire romain d’Orient) tombe aux mains des Ottomans. Le Moyen Âge va progressivement laisser place à la Renaissance.
Il faut attendre plus d’une vingtaine d’années, pour qu’il soit officiellement mis un terme à la guerre de Cent Ans. Le traité de Picquigny est signé le 29 août 1475. Louis XI dit le Prudent (fils de Charles VII et Marie d’Anjou), et son homologue d’Angleterre Edouard IV (fils de Richard Plantagenêt et Cécile Neville) successeur d’Henri VI en sont les signataires. Néanmoins les rois d’Angleterre ne renonceront au titre de «rois de France » qu’avec George III en 1802, cinq cents ans plus tard.