La croisade de trop de Saint-Louis
28 Fév 2013 | Publié par dans Histoire de la littérature française | Le Moyen ÂgeBaybars envahit tout l’Orient
Après le passage de Louis IX en Terre Sainte les Mongols ont envahi la région du Moyen-Orient. S’alliant avec la principauté d’Antioche et le royaume d’Arménie , ils ont conquis les importants émirats de Damas et d’Alep. En face les Mamelouks d’Egypte se sont alliés le royaume de jérusalemem et le comté de Tripoli pour défendre leurs possessions. Mais le décès du chef mongole le grand khan Mongka, a obligé les envahisseurs à rentrer chez eux pour les funérailles. Les Mongoles menés cette fois par le khan de Perse Hulagu, sont revenus peu après pour récupérer leurs précédentes conquêtes. Mais cette fois ils ont été battus par Sayf ad-Dîn Qutuz, le sultan mamelouk, à Aïn Djallout en septembre 1260. Fort de cette victoire il s’est emparé de Damas et d’Alep, avant d’encercler les royaumes francs. Baybars avait participé activement au renversement de la dynastie ayyoub au profit de celle des mamelouk. Il a alors réclamé à Qutuz, en guise de récompense, le poste de gouverneur de Damas. Devant le refus du sultan il le renverse. Plus ambitieux et redoutable guerrier, il a entreprit d’attaquer ce qui reste des Etats latin d’Orient. Ils s’est emparé entre 1261 et 1268 de Césarée, de la forteresse des Templiers (Safed), Haïfa, Toron, Nazareth, Arsouf , Jaffa et Antioche.
Louis IX repart en croisade
En Europe Louis IX dit « Saint-Louis » et le pape Urbain IV notamment suivent avec inquiétude ces évènements. Les Etats latins d’Orient sont plus que jamais menacés par un Baybars déterminé à les détruire. L’Occident chrétien va de nouveau devoir aller au secours de l’Orient chrétien. Le souverain pontife décide avec le soutien du roi de France de lever un impôt pour soutenir les chrétiens d’Orient, et organiser une autre croisade. Seize ans après sa première, qui s’est soldé par un humiliant échec, l’occasion de prendre sa revanche en Terre Sainte se présente pour Saint-Louis. Celui-ci envoie même des émissaires pour conclure avec le khan Hulagu (qui a aussi une revanche à prendre) une alliance, pour en finir avec le sultan mamelouk.
Cette huitième croisade bien que mal accueillie, est décidée pour mai 1270. La flotte de Louis IX part de Cagliari (Italie) le 15 juillet 1270. Le roi est accompagné de ses 3 fils et de plusieurs personnalités de la noblesse. Le prince Edouard d’Angleterre doit les rejoindre avec sa propre flotte plus tard. Les croisés débarquent à Tunis le 18 juillet, avec l’idée de se rallier en chemin n le sultan Mohammed Mostanser en le convertissant. Celui-ci au contraire appelle Baybars à son secours. Le roi et ses hommes sont alors sans cesse harcelés par les musulmans.
Les croisés dans l »enfer de Tunis
Leur séjour en terre tunisienne tourne vite au cauchemar à cause de la canicule, et du manque d’eau potable. La maladie se propage dans le camp croisé, emportant Jean Tristan (fils du roi) le 2 août, puis le roi lui-même le 25 du même mois. D’autres morts sont à déplorer : Alphonse de Brienne (légat du pape), Hugues XII de Lusignan (comte de la Marche et d’Angoulême), le Maréchal Gautier de Nemours, Raoul Grosparmy (homme d’église, garde des sceaux) et de bien d’autres. Philippe III dit le Hardi prend la place de son père, mais c’est Charles Ier d’Anjou (frère de Louis IX et roi de Sicile) qui dirige les opérations. Etant donnée la situation il négocie avec le sultan de Tunis une indemnisation, en contrepartie de l’évacuation de Tunis. Il obtient 210 000 onces d’or, en plus de la liberté pour les chrétiens de prêcher, prier et commercer librement. C’est à ce moment que le prince Édouard d’Angleterre arrive au large de Tunis, où il apprend la conclusion de l’accord. Il continue sa route vers la Terre Sainte avec un millier d’hommes pour sa propre croisade, la neuvième puisque la huitième a déjà échouée. Son frère Edmond le rejoint en septembre avec ses propres hommes, puis le roi Hugues III.
La croisade du roi Edouard d’Angleterre
Après une tentative pour combattre, avec le concours d’Hugues III, roi de Chypre, et des Mongoles (qui n’ont fait que piller et rentrer chez eux), Edouard se rend compte qu’il n’a pas les moyens de défaire Baybars. Il fait alors preuve d’une grande sagesse, et de beaucoup d’intelligence dans la gestion de sa croisade. Avec Hugues III et l’arbitrage de Charles Ier d’Anjou, il conclut à Césarée le 22 mai 1272 une trêve de dix ans avec le sultan égyptien. L’accord va permettre au royaume chrétien (réduit à Saint-Jean-d’Acre et ses environs) de survivre encore une vingtaine d’année, et d’assurer dix ans de paix aux chrétiens d’Orient. Mais à peine la trêve arrivée à terme, les Mamelouks repartent pour conquérir les dernières possessions des croisés en Terre Sainte. Les derniers Etats latins d’Orient tombent l’un après l’autre, la citadelle de Thabor et Saint-Jean-d’Acre aussi vers la fin mai 1291 malgré la résistance des Templiers et des chevaliers de l’Hospital. Toute la Palestine retombe entre les mains des musulmans, sonnant la fin de l’empire latin d’Orient et des croisades.