La croisade de Louis IX
21 Fév 2013 | Publié par dans Histoire de la littérature française | Le Moyen ÂgeLes musulmans reprennent Jérusalem
Frédéric II avait réussi par la négociation à rendre Jérusalem aux chrétiens (traité de Jaffa 1229). Mais il avait quitté la cité précipitamment, inquiet pour ses terres, laissant le chaos en Terre Sainte. La trêve arrivant à terme, la ville tant convoitée est de nouveau à la merci de tout prédateur. L’émir Al-Nasir Dâwûd, qui avait été chassé de Damas par son oncle El Kamil lors de la sixième croisade, s’était installé en Transjordanie tout près de la Palestine. Il n’attendait en fait que la fin de la trêve pour prendre sa revanche. Il s’empare de Jérusalem en 1239, et s’empresse de raser la Tour David l’unique forteresse de la ville.
L’Europe orientale est en ce début des années 40 (1241) considérablement affaiblie par les invasions mongoles et Tartares. Les Karismiens dont l’empire avait été détruit par les Tartares, errent le long de l’Euphrate semant la terreur sur leur passage (1241). Ils font jonction avec le sultanat d’Egypte, qui leur offre de s’établir en Palestine. Ils s’emparent de la ville sainte en août 1244, après avoir massacré une partie de population. Chrétiens du Royaume de Jérusalem rescapés, alliés aux musulmans de Homs et Transjordanie sous domination égyptienne décident de réagir. Une bataille celle de Forbie (Ghaza en Palestine) les oppose alors aux Karismiens, qualifiés de mercenaires, alliés aux Ayyoubides du sultan As-Salîh Ayyûb d’Egypte (qui régnaient également sur le territoire de Homs et Transjordanie). Elle se déroule les 17et 18 octobre 1244, et voit la victoire des seconds qui vont régner sur la ville sainte. Pendant ce temps en Europe, le pape Innocent IV (élu le 25 juin 1243) est chassé de Rome par Frédéric II. Le souverain pontife se réfugie en 1244 à Lyon où il installe la cour de Rome.
Le voeux du roi
Durant tous ces évènements le roi de France Louis IX est gravement malade. De mauvaises nouvelles lui arrivent d’Orient. Il fait le vœu et s’engage en décembre 1244 d’aller en croisade s’il se rétablit. Le 24 juin 1245 est organisé un concile à Lyon. Les patriarches d’Antioche et Constantinople tirent la sonnette d’alarme sur la situation des chrétiens en Orient. L’évêque de Béryte (actuelle Beyrouth) lit même une lettre des prélats de Palestine, dans laquelle ils supplient leurs frères d’Occident de venir vite à leur secours. Outre la confirmation de l’excommunication de Frédéric II, le concile prêche une croisade à laquelle tient surtout Louis IX. Une croisade pour laquelle toute l’Europe doit se mobiliser, et de concert pour qu’elle ne connaisse pas le même sort que les précédentes. L’idée d’une septième croisade est lancée.
La Septième croisade s’ébranle
Le 27 août 1248 la septième croisade dite des nobles, celle du roi Louis IX dont le vœu s’est miraculeusement exaucé (guérison), s’ébranle vers l’Orient. Il est accompagné de son épouse Marguerite de Provence, du Comte Robert d’Artois et de Charles d’Anjou, ses frères et de nombreux chevaliers de grande ascendance comme Joinville, Bourgogne, Chateaubriand, Poitiers, Beaujeu, Pierre de Dreux, Montfort, Coucy, Soissons etc. L’époque est favorable pour les croisés, car l’empire ayyoubide de Saladin est divisé entre le sultan d’Égypte, l’émir de Damas et celui d’Alep, qui se font la guerre. Mais les circonstances vont être défavorables aux croisés, composés essentiellement de Français, avec quelques milliers d’Allemands, de Norvégiens, d’Italiens, d’Anglais et Ecossais. Frédéric II avait entre temps envoyé un émissaire avertir le sultan des intentions de Louis IX. De plus la République de Venise, qui ne veut pas perdre ses contrats commerciaux, n’est pas favorable à une expédition en Egypte. Autre contre temps, Ils sont obligés d’hiverner huit mois durant à Chypre, ce qui permet au sultan Malik al-Salih Ayyoub d’Egypte de mieux se préparer. C’est dans ses conditions que le roi de France et son armée de 8000 chevaliers embarqué dans une impressionnante flotte, arrivent à Damiette (Egypte) qu’ils occupent. L’idée est de prendre aussi le Caire pour les échanger contre Jérusalem. Autre contre temps, la crue du Nil les contraint d’attendre, temps qui permet à l’ennemie de se reconstruire.
La croisade échoue
Le 20 novembre 1249 les croisés prennent la route du Caire, mais un autre malheur s’abat sur eux : ils sont décimés par la malaria et la dysenterie. Affaiblis, ils sont massacrés par les musulmans à Mansourah, et le roi est fait prisonnier alors que son frère meurt au combat. Le Duc de Bretagne obtient par la négociation la libération de Louis IX, en contre partie de l’évacuation de Damiette et une rançon de 500.000 livres tournois exigée par l’ennemi. Devant le refus des Templiers de prêter cette somme roi, celui-ci envoie le sénéchal Joinville la prendre par la force. Libre, saint- Louis et les survivants quittent le sol égyptien le 8 mai 1250 en direction de Saint Jean d’Acre. Le roi est bien accueilli malgré la défaite par les chrétiens d’Orient, notamment les maronites du Liban venus jusque là le saluer et lui manifester leur reconnaissance. Il y passera quatre année pour fortifier Acre, Césarée de Judée, de Jaffa et de Sidon qui pourraient être menacés par les mamelouks d’Égypte, plus fanatiques encore que leurs prédécesseurs Ayyoubides. Le roi de France embarque pour l’Europe de Saint-Jean-D’acre le 24 avril 1254. Il est canonisé par l’Eglise romaine en 1297 et devient Saint Louis.