La croisade pacifique de Frédéric II
19 Fév 2013 | Publié par dans Histoire de la littérature française | Le Moyen ÂgeLa sixième croisade est considérée comme celle de Fréderic II, fils d’Henri VI, petit fils de Barberousse Frédéric (troisième croisade), empereur romain germanique et roi des Deux-Siciles. En conflit permanent avec la papauté comme l’était son grand-père, il a fait faux bond lors de la quatrième et cinquième croisade. Ce qui lui a valu le surnom de l’Antéchrist.
Frédéric II au secours d’El Kamil
En 1224 les princes Ayyoubides d’Egypte, de Damas et d’Alep qui s’étaient dressés ensemble pour faire échec à la dernière croisade, sont de nouveau en conflit. En difficulté face à son frère Al’Muazzam prince de Damas, El Kamil d’Egypte fait appel à Frédéric II. Les deux hommes s’étaient liés d’amitié à travers divers ambassades. L’Egyptien propose en échange d’une aide militaire contre son frère, la rétrocession de Jérusalem. Ce qu’il avait déjà offert à Jean de Brienne, mais que Pélage avait rejeté lors de la cinquième édition, causant l’échec de celle-ci. C’est le moment aussi (1226) que choisit le pape Grégoire IX pour ordonner à l’empereur germanique d’aller en croisade, pour récupérer le la Terre Sainte perdue depuis Saladin, sous peine d’excommunion. Frédéric II se contente d’abord d’envoyer des troupes et des chevaliers, sous le commandement du duc Henri IV de Limbourg et Riccardo Filangieri (noble italien et maréchal impérial du royaume de Sicile) pour épauler El Kamil. Le pape n’apprécie pas ses tergiversations, il l’excommunie une nouvelle fois le 28 septembre 1227 tout en lui défendant de partir en croisade.
Frédéric II le diplomate
Frédéric II s’embarque pourtant le 28 juin 1228 en direction de la Syrie, sans savoir qu’entre temps qu’El Mu’azzam l’émir de Damas est mort le 11 novembre 1227. Son but n’est pas de se battre, mais de récupérer Jérusalem par la diplomatie au grand dam des chrétiens et de la papauté. Il débarque à Saint-Jean-d’Acre le 7 septembre. Il doit attendre qu’El Kamil en finisse avec le successeur d’El Mu’azzan, son neveu al-Nasir Dâwûd. Entre temps en Europe, Jean de Brienne son beau frère envahit ses domaines de Naples pour se venger de se qu’il considère comme une trahison. Le souverain européen ne pouvait rentrer à la hâte, au risque de subir une grande humiliation de n’avoir rien fait. Ce n’est que le 18 février 1229 qu’il conclut avec l’égyptien le traité de Jaffa. Le premier s’engage à la neutralité dans les affaires ayyoubides, en contre partie de quoi le second restitue le Royaume de Jérusalem, Nazareth, Bethléem et leurs environs aux Francs. Ils s’engagent par ailleurs à respecter une trêve de dix ans. Néanmoins l’accord n’est pas du tout apprécié par les populations musulmanes de ces villes cédées. Elles maudissent El Kamil qui les a trahies. Tout comme les chrétiens d’Europe, qui ne conçoivent pas la reconquête de Jérusalem sans les armes.
Une croisade inachevée?
Avant même de séjourner à Jérusalem devenue chrétienne, l’empereur germain jouissait plutôt d’une bonne réputation chez les musulmans. D’abord il parle couramment l’arabe, et il a toujours manifesté une certaine admiration pour la civilisation musulmane. Dans la ville sainte il se prononce pour le respect de leur religion et leur culture, et leur droit de les pratiquer. Mais il quitte soudainement Jérusalem au bout de trois jours, sans avoir pris le temps de renforcer les fortifications de la ville. Sans roi les institutions du royaume sont livrées à elles-mêmes, les pillards en profitent. La ville est de nouveau à la merci du premier émir venu. Même si les officiers et partisans de Frédéric II rentrent en guerre avec les barons des lieux saints, les musulmans respectent la trêve de dix ans en s’abstenant de chasser les chrétiens. La cité reste chrétienne. L’empereur du Saint Empire Germanique rentre en Europe le 10 mai 1229 après un séjour à Saint-Jean-d’Acre et à Chypre, laissant croire que sa croisade est un succès. Certes, juste le temps de la trêve conclue laissant comme un goût d’inachevé. Malgré tout, il est relevé de son excommunion à son retour en Europe.